Ils s’appelaient : Sainte Angéle-Isabelle, Maria, Aline-Marie, Phocéen, Saint Jean, je crois que je n’en ai pas oublié.
Ils, ce sont les chalutiers qui avaient Bougie pour port d’attache. En se promenant sur les quais, depuis les nouveaux hangars et bureaux Duchemin (les anciens, en bois, qui étaient au-dessous de la banque d’Algérie) jusqu’à ceux de la compagnie Leborgne, on pouvait les voir dans l’ordre cité plus haut.
Oh ! ce n’était pas les chalutiers de l’Atlantique partant 15 jours en mer ; ce n’était pas non plus les chalutiers actuels de Sète. De taille beaucoup plus modeste, car du plus petit au plus grand la longueur allait de 15 mètres environ à 25 mètres et la largeur de 3 à 5 mètres. Et puis l’âge était là avec leur chaudière à vapeur alimentée au charbon. Le sainte Angèle-Isabelle et le saint-Jean étaient déjà là en 1940 ; les autres sont arrivés plus tard, le Maria au printemps 1944, l’Aline-Marie faisait une entrée fort remarquée le 1er novembre 1948. Quant au Phocéen, ma mémoire un peu défaillante, situe son arrivée en 1950.Ces chalutiers étaient armés pour un équipage de 8 à 10 hommes qui, à la fin de chaque cale, c’est-à-dire toutes les 3 ou 4 heures, s’activaient à trier et ranger dans les casiers en bois alignés impeccablement, chaque espèce de poissons : rougets, merlans, pageots, soles, limandes etc. En général ces bateaux, lorsqu’ils péchaient dans le golfe de Bougie, quittaient le port vers 2 heures du matin pour revenir en début de soirée. Ils allaient aussi, au-delà de Djidjelli et pendant une semaine, c’est ce petit port qui les accueillait. Les camions des différents armateurs, en tout début d’après-midi, quittaient Bougie avec charbon, glace, filets, casiers vides pour revenir entre 21 heures et 22 heures avec la pêche de la journée.